Maurice en 1968, tout comme elle offrit l’Erythrée à l’Ethiopie, ou que Maurice se l’annexât de façon opportuniste, telle n’est pas la question. Quelle que fût la complicité ou le commerce, dont nous fumes bien entendu exclus, entre la Grande Bretagne et son ministre pour les affaires coloniales fut un acte illégal et immoral. C’est le geste d’un pirate qui, à son départ, récompense son esclave en lui faisant don à son tour de son propre esclave.
Ce fut un acte effronté, par lequel les intérêts d’un pays furent sacrifiés aux ambitions territoriales d’un autre. Maurice ajouta 130.000 miles de notre zone économique exclusive à son territoire, et notre peuple perdit sa patrie et sa dignité. Le Royaume-Uni, Maurice et la communauté internationale le comprennent très bien, comme moi, comme vous, comme nous tous – c’était répréhensible à l’époque; ce l’est encore aujourd’hui!
En 1968, on n’aurait jamais dû évoquer notre manque de maturité économique et politique comme prétexte pour nous priver de notre indépendance. Maurice aurait dû avoir sa propre indépendance tout comme la Rhodésie du Nord. Rodrigues aurait dû être placé sous la protection du Conseil de Tutelle des Nations Unies, comme un territoire non autonome. Une commission pan-africaine ou un comité spécial des Nations Unies pour l’autodétermination aurait pu alors créer un projet à long terme pour notre indépendance.
Sous une constitution établie d’un commun accord et comportant une échappatoire, nous aurions même maintenu une libre association avec Maurice, au lieu d’être perpétuellement emprisonnés dans l’abomination actuelle, désignée par l’euphémisme d’autonomie.