de Maurice.
En 2002, avec beaucoup de fanfares, et après que des discoureurs propagandistes eussent déclamé leurs belles phrases les plus recherchées, et que les affamés de pouvoir et de gloire fussent pris en photo, vint l’autonomie. Le Conseil de l’île fut baptisé du titre d’Assemblée Régionale et les conseillers devinrent des commissaires. On construisit quelques batîments ici et là, quelques intendants prirent l’avion pour Maurice, contents d’aller s’asseoir sagement parmi les membres sans porte-feuille du gouvernment, et Rodriques fut frappé d’un fléau de caméléons. Voilà à peu près ce qui se passa.
Les ministres mauriciens continuèrent à microgérer nos affaires, nous laissant le privilège d’élire des laquais qui leur servaient de garçons de course, prêts à obéir à tous leur ordres. Le gouvernement national retint tous les pouvoirs législatifs et pratiquement tous les autres droits. A la fin, même ses partisans les plus fervents durent admettre que notre autonomie était un mirage.
Lorsque nous levons le voile sur l’élégant sophisme, nous voyons encore un peuple régi par un autre, non seulement sans son libre consentement mais nettement contre sa volonté. La loi sans partage existe encore à Rodrigues; on peut l’observer toute l’année à Port Mathurin, tendant ses muscles de poids lourd et se frappant la poitrine, tel un gorille. Au risque de d’avoir l’air d’enfoncer une porte ouverte, nous nous devons de répéter qu’on ne peut décrire comme autonomie la discrétion administrative limitée pas plus qu’on ne peut prendre un pourceau pour un éléphant.
L’héritage colonial de la dictature bureaucratique ne fut jamais démantelé