à Rodrigues; il fut au contraire renforcé. Des fonctionnaires étrangers, agissant comme des seigneurs de la guerre, donnent les ordres et notre peuple obéit sans un mot. Le chef de police, le juge, le ministre pour les affaires rodriguaises, tous les plus hauts chefs de départements, tous les avocats, tous ceux qui font les règles, tous ceux qui gouvernent véritablement l’île de Rodrigues viennent de Maurice.
Lorsque notre patois créole, qui est imprimé au fond des expériences et des luttes de notre peuple, est méprisé dans notre Assemblée, lorsque 70% de notre peuple sont disqualifiés à la vie politique parce qu’ils ne parlent pas une langue qui leur est étrangère, lorsque les écoliers mal nourris, instruits à moitié, sont forcés d’apprendre trois langues, lorsqu’aucune littérature portant sur notre culture africaine ne fait partie du programme d’enseignement créé par d’autres à notre intention, lorsque nos enfants imitent les cultures, croyances, langues et traditions différentes des leurs à fin de retrouver leur amour propre, lorsqu’il est interdit à nos fonctionnaires, qui représentent 90% des plus intruits parmi nous, de prendre part à aucun discours politique, lorsque notre people parle d’indépendance à voix basse et en cachette par peur des espions de l’Etat, lorsque tout est contrôlé par des forces extérieures, il n’y aucune liberté, seulement la domination.
Les garanties constitutionnelles d’une vraie démocratie, de l’absence de classe dominante ou de citoyens de seconde classe, tout ceci semble bon pour tous excepté les Rodriguais. Le citoyen rodriguais est comme un être emprisonné, menottes aux poignets, dans un cauchemar de colère refoulée dont il